Grand nord: entre fleuves et océan. 20/21 mai 2015
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Après notre séjour de farniente à Mompiche, on a poussé plus vers le nord en longeant la côte Pacifique jusqu'à San Lorenzo, presque à la frontière de la Colombie, à la pointe septentrionale de l'Equateur. Dans ce pays, le grand nord, c'est la culture afro, la chaleur, les plages, les fleuves, les mangroves...et les moustiques. Région mal famée sur laquelle courent les bruits les plus alarmants: narcotrafic, délinquance, contrebande, incursions de la guérilla colombienne, et en plus, depuis quelques semaines, épidémie de chikungunya. Mais rien n'arrête les aventurières.
Nous avons donc pris un premier 🚌 pour Esmeraldas, puis un deuxième 🚌 pour la Tola. Correspondance impeccable , ambiance habituelle des bus latino-américains : musique, vendeurs qui montent et descendent pour vendre frutas, fritadas, agua, helados, galletas, bolones de verde, remèdes miracles et j'en passe. On longe la côte, vue sur le Pacifique et une plage de sable gris qui semble ne pas s'interrompre. On traverse quelques fleuves et villages et on arrive à la Tola au bord du rio Santiago.
Bon, pas très engageant le village, et la canicule nous incite à chercher un logement plus aéré que les 2 ou 3 hostales de mala muerte repérés autour de la place. Sur l'embarcadère, un autochtone, après avoir compris qu'on ne lui donnerait pas les 90 $ qu'il nous demandait pour nous emmener faire en lancha le tour de toutes les merveilles touristiques du coin, prend pitié de nous et nous conseille de chercher un toit aux cabañas, sur la plage voisine de la communauté afroequatorienne d'Olmedo. Cabañas, plage, communauté afro: mots magiques qui nous remettent dans le 🚌 pour 5 mn de plus. On traverse à pied un pont et on arrive là ......
Modeste et rustique, notre maisonnette des Cabañas de los Manglares du petit village d'Olmedo, situé à l'embouchure du rio Santiago, dans le parc naturel Santiago-Cayapa, à proximité de la réserve de Majagual, qui abrite les plus hautes mangroves du monde.
Confort sommaire mais accueil chaleureux et belles rencontres avec les enfants et les femmes de l'association qui gère tant bien que mal depuis une vingtaine d’années un projet de tourisme communautaire, dans le but de valoriser leur région et d'améliorer les revenus de leurs familles. En effet, cette province reste la plus pauvre du pays et est encore oubliée par le pouvoir central. Si les voies d'accès, les structures sanitaires et educatives se sont améliorées, les sources de travail sont rares et la majorité des habitants vivent de la pêche et de la culture des noix de coco. Le tourisme pourrait ouvrir des possibilités car la zone ne manque pas d'atouts mais elle a mauvaise réputation et souffre de la proximité des plages plus attractives et développées au sud d'Esmeraldas. Nous étions donc les seules étrangères à partager provisoirement la vie de la communauté. Donc, si vous avez envie de sortir des sentiers battus et si la douche au seau d'eau ne vous rebute pas, n'hésitez pas à venir par ici. Comme d'habitude, cliquez sur les photos pour les agrandir.
Quelques informations sur ce projet de tourisme communautaire
Le village, la plage, le fleuve, le manglar....
Promenade en lancha jusqu'à l'île de la Tolita avec Gloria et son petit fils Juanito, le pêcheur. Au passage un coup d'oeil sur l'île aux oiseaux. Diaporama à laisser défiler.
L'île de la Tolita fut le siège d'une importante civilisation pré-colombienne mystérieusement disparue: la culture Tolita -Tumaco , qui tire son nom des deux îles où elle s'est épanouie entre 300 avant et 300 après Jésus-Christ (Tolita en Equateur et Tumaco en Colombie). L'île de la Tolita exercera le pouvoir politique sur la région et sera le cadre d'une nécropole réservée aux élites. Ses habitants construisirent des temples. Ils étaient de très habiles céramistes et orfèvres. Et dans tous les grands musées d'Equateur (et d'ailleurs) , on trouve de magnifiques objets utilitaires et décoratifs en terre et des bijoux en or, découverts dans les sépultures. Malheureusement, de tout ce passé, pratiquement rien ne reste sur l'île, berceau de cette civilisation. Tout a été pillé et emporté... Sur place, on ne voit plus que quelques monticules qui servaient de base aux constructions et ce misérable musée géré sans moyens par un passionné dont les appels à l'aide des autorités restent sans effet. Une situation symbolique de l'abandon dans lequel se trouve encore cette région.
Pour tout savoir sur la civilisation Tumaco - Tolita.
Le lendemain, on a repris la route de Quito mais par le chemin des écoliers. C'est à dire que, au lieu de prendre le bus direct de la Tola pour San Lorenzo , on a pris une première lancha pour Limones, puis, après un arrêt d'une heure à Limones , une deuxième embarcation pour San Lorenzo. Ça m'a rappelé ma jeunesse puisque la première fois que je suis venue dans ce pays (en 1982), il n'y avait aucune route sur cette partie de la côte, et, avec mes complices de l'époque, on avait fait le voyage depuis Esmeraldas à San Lorenzo en bateau. Même ambiance qu'alors: les lanchas descendent le fleuve, vue sur les mangroves, maisons de bois cachés dans les arbres, belle lumière, des oiseaux s'envolent à notre passage, quelques arrêts pour embarquer de nouveaux passagers et des marchandises diverses.... Diaporama à laisser défiler pour embarquer vers San Lorenzo ..
A l'arrivée à San Lorenzo, on ne traîne pas : moto taxi du débarcadère au terminal de bus, bus pour Ibarra, puis un autre pour Quito et au bout de 5 ou 6 heures, changement de décor et nous voilà de nouveau au coeur des Andes et dans la deuxième plus haute capitale du monde.
PROCHAIN ÉPISODE: VIE QUOTIDIENNE À QUITO